CHAPITRE XLVIII Comment nous pouvons méditer en prenant pour sujet de méditation la bienheureuse Vierge Marie
(...) En évoquant ces souvenirs, vous ferez au cœur de son Fils une douve violence pour l’amener à exaucer votre prière. Vous tournant enfin vers la très Sainte Vierge, dites-lui que la Providence et la bonté divine l’ont destinée de toute éternité à devenir la Mère de la grâce et de la miséricorde, et l’avocate des pécheurs ; et que, par conséquent, elle est, après son divin Fils, notre plus sûr et notre plus puissant refuge. Rappelez-lui encore cette parole écrite à son sujet et confirmée par tant de miracles, que jamais on ne l’a invoquée avec foi sans avoir ressenti les effets de sa Miséricorde. Enfin, vous lui mettrez sous les yeux les tourments que Jésus-Christ a endurés pour notre salut, et vous la supplierez de vous obtenir, pour la gloire et la consolation de ce Fils si cher, la grâce de profiter de ses souffrances.
CHAPITRE XLIX De quelques considérations qui doivent nous engager à recourir avec foi et confiance à la Vierge Marie
Si vous voulez, dans vos nécessités, recourir avec foi et confiance à la Vierge Marie, voici quelques considérations qui vous seront d’un grand secours. Premièrement, l’expérience nous montre que les vases où il y a eu du musc ou du baume en retiennent le parfum, surtout si la substance odorante y a séjourné longtemps et s’il en reste quelque peu. Et cependant le musc et les parfums les plus précieux n’ont qu’une vertu limitée et finie. De même, encore, celui qui est demeuré près d’un grand feu en conserve la chaleur longtemps après s’en être éloigné. Cela étant, de quel feu de charité, de quels sentiments de clémence et de miséricorde ne doivent pas être embrasées et remplies les entrailles de cette Vierge incomparable qui a porté durant neuf mois dans son sein virginal, et qui porte encore dans son cœur et dans son amour celui qui est par essence charité, clémence et miséricorde, le Verbe incréé dont la vertu ne connaît ni bornes ni limites. De même qu’on ne peut approcher d’un grand feu sans participer à la chaleur qu’il dégage, ainsi et à plus forte raison encore, on ne peut approcher avec humilité et confiance du foyer de charité, de Miséricorde et de clémence qui brûle sans cesse au cœur de la Vierge Marie, sans en recevoir une multitude de faveurs et de bienfaits précieux. Plus nous nous en approcherons souvent, plus notre confiance sera vive, et plus aussi seront abondantes les grâces que nous en retirons. Deuxièmement, jamais aucune créature n’eut autant d’amour pour Jésus-Christ, autant de soumission à sa volonté que sa très sainte Mère. Si donc ce divin Sauveur qui a souffert durant toute sa vie, qui s’est sacrifié tout entier pour le salut de pauvres pécheurs comme nous, si ce Sauveur, dis-je, nous a donné pour mère et avocate sa propre Mère, afin qu’elle nous vînt en aide et fût après lui la médiatrice de notre salut, comment comprendre jamais que cette Mère et cette avocate nous abandonne et devienne à ce point rebelle à la volonté de son Fils ? Recourez donc dans toutes vos nécessités à la Vierge, Mère de Dieu, avec une confiance sans bornes. Cette confiance sera pour vous un trésor inépuisable, un refuge assuré et une source intarissable de grâce et de Miséricorde.
Source : Le Combat Spirituel de Laurent Scupoli, Edition de 1895
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde