Une austérité teintée de jansénisme, de pharisaïsme ou de puritanisme, aurait sans doute trouvé, dans cet accroc au bon ordre du banquet, une occasion excellente d’émettre des propos désabusés sur la dégénérescence de ce siècle, et de prononcer quelques sentences définitives sur le mépris que l’homme de bien doit afficher à l’endroit des plaisirs de la table.
La Sainte Vierge, elle, sentait les choses d’une manière bien différente. Elle possédait au plus haut point et la vertu de discrétion, et celle de compassion. Elle avait appris de l’Ecclésiaste : qu’il y a ici-bas, un temps pour pleurer et un temps pour rire ; un temps pour gémir et un temps pour danser. (Eccl., III, I. 4) Comme saint Paul, elle pleurait avec ceux qui pleurent, mais elle se réjouissait aussi avec ceux dont le cœur était en fête.
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Elle discerna donc l’embarras des serviteurs ; elle devina la gêne et le souci que cette pénurie imprévue allait causer aux maîtres de la maison, et elle prit aussitôt le moyen le plus efficace pour y parer. Au lieu de chuchoter, de parlementer, et de poser mille questions inutiles à ses voisines, elle s’adressa directement à Celui qui pouvait le plus sûrement sauver la situation, et elle dit à son Fils : « Ils n’ont plus de vin ».
Qui douterait que, ce qu’elle fit alors pour réparer un désordre bien secondaire, elle ne soit prête à le faire chaque jour pour pourvoir aux besoins de nos âmes ? Elle montre par ce trait combien son Cœur est tendre et compatissant. À l’image de Dieu, qui préfère la Miséricorde à toutes ses autres perfections, elle est, par-dessus tout, la Mère de miséricorde (...)
Dom J. de Monléon, Les noces de Cana, N.E.L. 1959, pp. 46-48.
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