Bonsoir et merci, Presbu.
Ce n'est pas à vous que j'apprendrai que la victoire thomiste, ou plutôt, paraît-il, suarézienne, contre le modernisme, a été une victoire non illusoire mais provisoire, et que, dès la fin des années 1930, les Chenu, Congar, Rahner, Teilhard, ont commencé à aller dans une direction propice à bien des "dyslogismes".
Je pense aussi au fait qu'il règne aujourd'hui dans l'Eglise un déficit d'appropriation et d'utilisation de certains documents du Magistère pontifical contemporain qui est proprement ahurissant.
Ainsi, voyez un peu quelle est, au sein de l'Eglise catholique, la "vitesse d'oubli" des textes suivants, pourtant récents :
Ici.
Ici..
Ici...
Ici....
Pourquoi et comment y aurait-il un minimum de prise en compte, dans les diocèses, dans les paroisses, de ces documents du Magistère pontifical, alors que bien des évêques et des prêtres parlent, ou plutôt se taisent, exactement comme si ces documents n'existaient pas, ou n'avaient pas vocation à inspirer, à orienter, la vie de l'Eglise ?
Je pense pour ma part qu'il y a un courant de pensée qui a fait énormément de dégâts, dans le catholicisme diocésain européen occidental contemporain, et ce courant de pensée n'est autre que le "gaudium-et-spisme", qui découle de la vision selon laquelle Gaudium et Spes est le document du Concile qui est presque le seul qui fait vraiment autorité ou qui est quasiment le seul qui a vraiment de l'importance.
Il y a une autre manière de dire ce qui précède : pendant plusieurs décennies, la "gnosis" missionnaire christianisatrice (les connaissances qui rendent possible l'intelligence de la foi, mais aussi l'interpellation ad extra, dans et par la foi, pour et vers les conversions), a souvent été victime d'une domination voire d'une substitution par toute une "praxis" langagière humanisatrice qui, elle, ne donne pas l'intelligence de la foi et n'interpelle pas les non chrétiens.
Je termine ce message par la remarque suivante : nous sommes en présence d'un phénomène de refus larvé de mettre en avant et en valeur le vocabulaire et les argumentaires indispensables à la SURVIE du christianisme catholique, or ce refus larvé n'aura pas été mono-générationnel, n'aura pas concerné qu'une seule génération de docteurs et de pasteurs catholiques, alors que j'ai eu droit, à quelques reprises, dans ma vie, à des propos qui se voulaient rassurants, de la part de catholiques conservateurs ou traditionnels :
"Soyez courageux, ayez de la confiance et de la patience, cette génération de clercs va bientôt passer la main, et la génération suivante sera quantitativement moins importante, mais qualitativement plus solide, etc"...
Laquelle d'entre nous, lequel d'entre nous, n'a pas eu droit, au moins une fois, à ce genre de discours, au cours des dernières décennies ?
Bonne soirée.
Scrutator.