Mais s’il est un intrus, il n’est le pape de personne, quelle que soit la bonne opinion que le monde entier peut avoir de lui, Paul IV nous le confirme :
“§ 6. - Nous ajoutons que si jamais il advient qu’un Évêque, (...) qu'un Souverain Pontife même, avant leur promotion ou leur élévation au Cardinalat ou au Souverain Pontificat, ont dévié de la foi catholique ou sont tombés dans quelque hérésie, la promotion ou l'élévation - même si cette dernière a eu lieu dans l'entente et avec l'assentiment unanime de tous les Cardinaux - est nulle, non avenue, sans valeur (...)”
Vous avez lu comme moi : “
ont dévié de la foi catholique ou sont tombés dans quelque hérésie”. Ce ne sont pas des synonymes, on peut dévier de la foi catholique sans y mettre toute la pertinacité de l’hérétique, et c’était peut-être bien le cas de Morrone. N’empêche que saint Pie V et saint Charles Borromée ont fait ce qui était en leur pouvoir pour qu’il ne devienne pas pape.
Par ailleurs, quand quelqu’un dévie publiquement de la foi catholique, c’est un fait objectif que même un baptisé de fraîche date comme un Galate peut souvent constater, à condition de ne pas avoir (un peu trop) perdu de vue son catéchisme, Rodolphe.
Quel est du reste le souci de Paul IV en promulguant sa législation ? Il l’explique au
§ 1 du même document : “il ne faut pas que l’on puisse reprocher au Pontife romain de dévier de la foi”, car “il a la plénitude de l'autorité sur les nations et les royaumes, il est le juge universel et n'a à être jugé par personne ici-bas”. Si un intrus venait à occuper sa place et à dévier de la foi, il serait capable de faire dévier les fidèles de la foi en se prévalant de sa prétendue autorité : exactement le même souci que saint Paul s’adressant aux Galates.
D’où la volonté de Paul IV (§ 6) de lui dénier par avance toute espèce d’autorité : “nulle, non avenue, sans valeur” même si son élection a eu lieu “avec l’assentiment unanime de tous les Cardinaux” et a été reconnue “par la prestation d’obéissance à lui rendue par tous ou par quelque laps de temps écoulé”.
Hyperbole ? L’enseignement de l’Église nous assure qu’à cette législation de Paul IV est attachée l’
infaillibilité : aussi, cet enseignement nous interdit-il d’y voir “une discipline inutile et trop lourde”...
V.