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Articles de La Croix de mars 1977
par gégé81 2017-02-27 12:08:18
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Paris : une église occupée par les traditionalistes
(La croix du 1er mars 1977)

Les abbés Ducaud – Bourget et Coache, accompagnés de plusieurs centaines de traditionalistes qui s’étaient donné rendez-vous à la salle de la Mutualité, à Paris, ont occupé dimanche à midi l’église toute proche de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Ils ont troublé la fin de la messe célébrée par les prêtres de la paroisse et poursuivent l’occupation lundi, malgré la tentative de dialogue du curé de la paroisse, le P. Bellego, avec les occupants.
Le curé a été hué, l’occupation avait eu lieu sans trop d’incidents, mais dans la plus grande confusion.
Les deux prêtres traditionalistes ont déclaré à Antenne 2 dimanche soir, qu’ils étaient traités comme des parias, qu’ils voulaient se trouver entre des murs consacrés et non dans des salles de réunions publiques. Ils célèbrent actuellement la messe selon le rite de Saint Pie V à la salle Wagram.
« Nous demandons au chef de la hiérarchie qui est en place la reconnaissance de ce droit que nous avons à la messe de saint Pie V et de nous donner une église », a déclaré l’abbé Coache.
L’abbé Coache a fait état surtout des nombreuses démarches de son groupe auprès des autorités civiles, Ville de Paris (propriétaire des églises), préfecture, ministères. On apprenait, lundi, qu’une dirigeante du mouvement avait demandé audience à M. Poniatowski, ministre de l’intérieur. Déjà il y a une semaine, les fidèles de la salle Wagram avaient publié un communiqué, menaçant de s’abstenir aux prochaines élections municipales si les pouvoirs publics ne leur attribuaient pas une église.
Le chanoine Bertoud, directeur du séminaire d’Écône a déclaré à propos de cette occupation « Nous n’avons pas à répondre de tous les actes de M. l’abbé Coache. Nous ne sommes pas pour les excès. » Quant au président des « Silencieux de l’Église », M. Montaut, a déclaré à Bordeaux que cette affaire était « entre le mouvement de l’abbé Coache et la hiérarchie ». « Nous demandons quand tout état de cause la dignité de ce lieu saint soit strictement respectée ».
L’occupation se poursuit lundi matin. L’archevêché de Paris s’est refusé pour le moment à tout commentaire.
Juridiquement, en vertu des articles 4 et 13 de la loi de 1905 et 5 de la loi de 1907, l’occupation de Saint-Nicolas est d’abord une atteinte à l’affectation cultuelle et, d’autre part, au plan pénal, un flagrant délit de trouble du culte.
En effet, l’église est propriété de la ville, mais la loi confirme la destination au culte catholique. Or, ne peut remplir cette condition que le culte célébré par le prêtre ayant de l’évêque un titre nominatif et d’affectation. Ce n’est pas le cas des deux prêtres qui sont intervenus à Saint-Nicolas.
Dans le cas du flagrant délit, l’autorité civile aurait pu faire intervenir la police directement. En règle générale, celle-ci n’intervient que sur demande expresse du curé.
Mais ceci est un point de vue strictement juridique qui ne prend pas en compte les aspects pastoraux du problème posé.

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Le ton monte à Saint-Nicolas-du-chardonnet
(La croix du 5 mars 1977)
Par Jean-Claude Escaffit

Le ton monte à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, après la rixe qui a envoyé à l’hôpital le P. Armogathe, un vicaire de la paroisse. Les chrétiens du quartier ont adressé une lettre au cardinal Marty.
Jeudi, en effet, les occupants avaient pris d’assaut la sacristie de l’église ou le vicaire de la paroisse célébrait sa messe, pour prendre le contrôle des compteurs qui commandent l’éclairage de l’église. Déjà dans la matinée, un autre vicaire de la paroisse, l’abbé Pierre Touvay, avait été séquestré.
Si le calme est revenu dans l’après-midi, une voiture de police a discrètement pris place aux abords de l’église occupée. Les prêtres se sont retranchés dans le presbytère. À l’entrée du lieu de culte, le service d’ordre entre « intégristes » s’est renforcé. Des « gros bras » filtrent de façon plus serrée les entrées. Des jeunes aux allures militaires se déplacent en groupe. Il semble que le public s’est quelque peu métamorphosé depuis la veille. Des mouvements de l’extrême droite politique se sont, de toute évidence, joints aux catholiques traditionalistes.
À l’intérieur, l’électricité a été rétablie. Messes et chapelets se déroulent à un rythme accéléré.
C’est avec anxiété que l’on attend dimanche où doit être célébrée une messe solennelle à 10 h 30. Les paroissiens privés de leur lieu de culte, s’échauffent sérieusement. Leur colère qui monte, a pu jusqu’à présent être tempérée par les prêtres de la paroisse. Mais le sera-t-elle encore longtemps ?
Ils ont pu rassembler en vingt-quatre heures, des centaines de signatures parmi les habitants de la paroisse sur une lettre adressée au cardinal Marty :
« Depuis dimanche dernier, nous sommes dépossédés de notre église, déclarent-ils. Une occupation violente par des individus extérieurs à la paroisse nous en a retiré tout usage. Chrétiens du quartier, nous sommes vivement ému de voir nos prêtres exclus de notre église et notre curé molesté et contraint au silence. Nous ne pouvons pas tolérer que les assemblées dominicaine, le catéchisme de nos enfants et tous les rassemblements liturgiques de notre communauté soient contraints de se dérouler en dehors de notre église.
Nous attendons de votre autorité pastorale les mesures qui nous permettront un service régulier des besoins de notre communauté. »
À l’heure où nous écrivons, l’archevêché de Paris ne fait aucun commentaire et ne révèle pas les décisions qui auraient été prises.

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Les traditionalistes à Saint-Nicolas-du-Chardonnet : « Nous occuperons Notre-Dame de Paris… »
(La Croix du 8 mars 1977)
Par Jean-Claude Escaffit

Dimanche à Paris, les voûtes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ont résonné d’un
retentissant Credo, repris dehors par de nombreuses personnes qui n’avaient pu trouver place dans l’Église. Près de 2000 personnes environ avaient pris d’assaut, en effet, la petite église du 5e arrondissement, occupée depuis plus de huit jours par les traditionalistes.
Venus de toute la France – et même de l’étranger, dit-on, – ils ont assisté à une messe solennelle à 10 h 30, célébrée par l’abbé Ducaud-Bourget, assisté des abbés Coache, Fromenvault et Barbara.
Après l’Évangile de la Transfiguration, l’abbé Coache a pris la parole pour déclarer : « Il faut voir les choses dans la clarté. Il faut que le glaive de la Parole de Dieu puisse séparer le bien du mal. » Et il a fustigé ce mal : la nouvelle religion et l’autodestruction de l’Église. Appelant le Pape à sa rescousse, pour lui faire stigmatiser la révolution dans l’Église, l’abbé Coache a évoqué le laxisme des séminaires, des religieuses, des persécuteurs de l’Église qui bradent les sacrements et enseignent la religion de l’homme.
« Nous en avons assez d’être traités en parias, de nous réfugier dans des salles de spectacle, des caves ou des salons, a poursuivi l’abbé Coache… Nous sommes ici chez nous, et nous entendons y rester », expliquant ainsi qu’ils pouvaient enfin être dans des murs consacrés qui étaient profanés en d’autres temps par des danses, des conférences contre l’Église et un certain nombre de choses inavouables.
« Qui pourra nous taxer d’hérésie, puisque nous croyons en toutes les vérités de l’Église ? Nous
luttons et résistons contre ceux qui veulent nous imposer les fruits empoisonnés d’une nouvelle religion. Nous ne sommes pas contre les évolutions qui rendent l’Église plus belle et plus riche. Nous sommes contre les révolutions qui la défigurent », a-t-il déclaré dans un crescendo.
Prenant la parole après l’abbé Coache, l’abbé Ducaud-Bourget, qui a évoqué une lettre de soutien de Mgr Lefebvre, a pu dire que les propositions du cardinal Marty étaient insuffisantes et a affirmé : « Puisque nous sommes très nombreux, il n’est pas impossible que nous prenions une autre église et pourquoi pas Notre-Dame ? »
Des applaudissements ont salué un : « Qui pourra prouver que nous ne sommes plus en communion avec l’Église ? »
Les paroissiens célèbrent une messe en plein air
Cependant, ces propos semblaient bien dérisoires, comme cette affirmation : « Nous ne sommes pas des politiques. Surtout qu’il n’y ait pas d’allusion politique. On cherche à nous lancer de ce côté… », alors que des tracts du Front national exhibaient à l’entrée le soutien du même « Mgr » Ducaud-Bourget aux élections municipales.
« Paris vaut bien une messe. » Il semble que ce propos historique ait retrouvé toute son actualité. Parmi les tracts distribués, le communiqué du P. Bellego, curé en titre de la paroisse, qui affirmait : « J’ai essayé, depuis une semaine, de m’adresser à la bonne foi et à la piété des chrétiens, prêtres ou laïcs qui se trouvent dans l’église Saint-Nicolas. Or, vous le savez, mes tentatives ont toutes été vaines et mon attitude, que j’ai voulue évangélique, s’est heurtée à l’affirmation d’un autoritarisme et d’un dogmatisme où il est difficile d’entendre un écho de l’Évangile. »
Condamnés à se réunir en dehors de chez eux, les paroissiens ont assisté en plein air à leur messe dominicale, dans la cour de locaux paroissiaux. On notait, dans l’assistance, la présence de M. Tiberi, député RPR du 5e arrondissement. Cette présence apporte-t-elle un démenti au fait qu’il a été dit que l’occupation de Saint-Nicolas est une opération soutenue par des proches de M. Chirac ?
Par ailleurs, au micro de France-Inter, Me Albertini, l’une des principales responsables du mouvement traditionaliste, a déclaré qu’on lui aurait donné, au ministère de l’Intérieur, l’assurance que la police ne serait pas envoyée à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
En tout état de cause, il semble bien que personne ne veut en ce moment prendre la responsabilité de l’intervention de la police, malgré la plainte déposée par la paroisse. Une situation sans doute assez complexe qui risque de mettre du temps à se dénouer, d’autant que les traditionalistes progressent de plus en plus dans l’occupation des locaux paroissiaux. La salle des catéchismes vient d’être occupée.



La Croix

     

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 Il y a 40 ans : 27 février 1977 par Ennemond  (2017-02-27 07:44:43)
      C'est une grande chose par Jean-Paul PARFU  (2017-02-27 08:52:11)
          Il y a de ces dates ... par Lycobates  (2017-02-27 12:10:06)
              A l'époque par Jean-Paul PARFU  (2017-02-27 13:22:56)
                  Mgr Lefebvre par Lycobates  (2017-02-27 16:21:55)
      Les débuts ont fait l’objet d’un mémoire par Vianney  (2017-02-27 09:13:04)
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      Articles de La Croix de mars 1977 par gégé81  (2017-02-27 12:08:18)
          Désinformation de la Croix ou sacrilège ? par Regnum Galliae  (2017-02-27 14:42:43)
              Sans doute par BK  (2017-02-27 15:21:31)
              D'après un bouquin! par Miserere  (2017-02-27 16:26:29)
                  Ne pas confondre par BK  (2017-02-27 17:28:00)
          "En prison, vite en prison!" (choeur des archers) par PEB  (2017-02-27 16:04:52)
              Qu'il vienne donc célébrer en tridentin par Regnum Galliae  (2017-02-27 16:33:39)
                  D'ailleurs par Regnum Galliae  (2017-02-27 18:00:41)
      J'y étais ! par Scribe  (2017-02-27 13:36:48)
          Votre mère était très sympathique par Jean-Paul PARFU  (2017-02-27 14:00:09)
              Oui, une grande Dame par Ewondo  (2017-02-28 06:46:54)
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          In te Domine speravi par Lycobates  (2017-02-27 23:44:22)


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