PREMIÈRE SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine
VENDREDI
Méditation sur les peines de l'enfer
(...) Quant à la première, considérez comment il n'y aura là aucun sens intérieur ni extérieur de l'âme qui n'ait à endurer son propre tourment. En effet, comme les méchants ont offensé Dieu avec tous leurs membres et tous leurs sens, et qu'ils en ont fait des armes contre lui, pour servir au péché, l'ordre de sa justice exigera que chacun d'eux endure son propre tourment, et reçoive ce qu'il a mérité. Là, les yeux adultères déshonnêtes seront tourmentés par la vue horrible des démons. Là, les oreilles qui ont mis leur volupté à entendre des mensonges et des obscénités, entendront des blasphèmes et des gémissements éternels. Là, ceux dont l'odorat s'est délecté dans les parfums et les odeurs sensuelles, seront plongés dans une intolérable infection. Là, le goût, qui faisait ses délices de viandes délicates et de morceaux friands, sera tourmenté par une faim et une soif dévorantes. Là, la langue d'où sortaient la médisance, la calomnie et le blasphème, sentira éternellement l'amertume du fiel des dragons. Là, le tact, jadis idolâtre de délices et de douceurs, « passera tour à tour, dit Job, des eaux glacées de la neige, aux ardeurs consumantes du feu . » Là, l'imagination sera tourmentée par la vive appréhension des douleurs ; la mémoire, par le souvenir des plaisirs passés ; l'entendement, par la représentation des maux à venir ; et la volonté, par des colères effroyables et par la rage dont les méchants seront animés contre Dieu. Là, enfin, se trouveront réunis tous les maux et tous les tourments qui se peuvent imaginer, « parce que, comme dit saint Grégoire, là, il y aura un froid qu'on ne peut supporter, un feu qu'on ne peut éteindre, un ver qui ne meurt point, une infection intolérable, des ténèbres palpables, les coups déchargés par des bourreaux, la vue des démons, le désordre du péché, désespoir causé par la perte de tous les biens. »
Eh bien ! Dites-moi maintenant, si le moindre de tous ces maux qui sont là réunis, souffert durant un très petit espace de temps, serait si pénible à endurer, que sera-ce, d'endurer là, en même temps, toute cette multitude de maux dans tous les membres et dans tous les sens intérieurs et extérieurs ; et cela, non durant l'espace d'une nuit, ni de mille, mais durant une éternité sans fin ? Quel sentiment, quelles paroles, quel esprit y a-t-il au monde, capables de sentir ou d'exprimer ce supplice tel qu'il est ?(...)
Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde