CHAPITRE VIII
De la méditation
(...) Cette représentation des choses fera que la considération sera plus vive, et le sentiment plus profond. Il faut même nous imaginer que ces choses se passent au dedans de notre cœur, ce qui vaut encore mieux. Puisque des cités et des royaumes tiennent à l'aise dans ce cœur, il lui sera bien plus facile de contenir la représentation de ces mystères. Cette méthode aidera beaucoup l'âme à se tenir recueillie, ou à s'occuper au dedans d'elle-même, semblable à l'abeille qui, renfermée dans sa ruche, fait son rayon de miel ; car, de s'en aller par la pensée à Jérusalem, pour méditer ces mystères, et aux lieux mêmes où ils s'accomplirent, c'est une chose qui d'ordinaire fatigue les têtes, et leur est nuisible. C'est pourquoi l'homme ne doit pas attacher excessivement l'imagination à ce qu'il médite, pour ne pas fatiguer la nature par cette violente manière de saisir les choses.
CHAPITRE IX
De l’action de grâces
Après la méditation, vient l'action de grâces. L'âme doit la faire d'après ce qu'elle vient de méditer, remerciant Notre-Seigneur des bienfaits particuliers qu'il lui a accordés dans ce mystère. Si elle a médité sur la passion, elle doit adresser de vives actions de grâces à Notre-Seigneur, de ce qu'il nous a rachetés au prix de tant de souffrances. Si c'est sur ses péchés, elle doit le remercier de ce qu'il l'a si longtemps attendue à pénitence. Si elle a médité sur les misères de cette vie, elle le remerciera de ce qu'il lui en a épargné un si grand nombre ; si c'est sur la mort, de ce qu'il l'a délivrée de ses dangers, et lui a donné du temps pour se repentir ; enfin, si c'est sur la gloire du paradis, de ce qu'il l'a créée pour un si grand bien ; et ainsi des autres vérités ou des autres mystères.
À ces bienfaits particuliers, elle joindra tous les autres dont nous avons parlé plus haut, c'est-à-dire les bienfaits de la création, de la conservation, de la rédemption, de la vocation, etc. Ainsi elle remerciera Notre-Seigneur de l'avoir faite à son image et à sa ressemblance, de lui avoir donné la mémoire pour se souvenir de lui, l'entendement pour le connaître, la volonté pour l'aimer. Elle le remerciera aussi de lui avoir donné un ange pour la garder de tant de peines, de tant de périls, de tant de péchés mortels, de la mort même, quand elle vivait dans leurs chaînes, ce qui n'a pas été moins que de la délivrer d'une mort éternelle. Le chrétien remerciera Jésus-Christ de ce qu'il a daigné prendre notre nature et mourir pour nous, de ce qu'il l'a fait naître de parents chrétiens, de ce qu'il lui a accordé la faveur du saint baptême, de ce que, dans ce sacrement, il lui a donné sa grâce, promis sa gloire, et de ce qu'il l'a reçu pour son fils adoptif. Combien d'autres bienfaits qui réclament les plus vives actions de grâces ! (...)
Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde