Merci beaucoup d'attirer l'attention des liseurs sur cet étonnant prélat, qui n'avait au départ rien d'un révolutionnaire.

A son sujet, on peut lire un article un peu ancien de la Revue d'histoire de l'Eglise de France, ou une recension d'un ouvrage plus récent que j'ai pu parcourir il y a moins d'un mois.

Il se trouve que dans les derniers temps j'ai été amené à m'intéresser personnellement aux expériences de l'Eglise constitutionnelle, particulièrement à la question de la collégialité, des vicaires épiscopaux puis du Presbytère, de 1791 à l'amalgame concordataire de 1801-1803.
Pour se faire une idée de l'état d'esprit de certains ecclésiastiques de l'époque, on peut lire sur Gallica la brochure de l'abbé Jean Tolin, ancien chanoine régulier prémontré, devenu vicaire épiscopal du célèbre Grégoire dans le diocèse du Loir-et-Cher, sur la "grande réforme" à faire dans le clergé.
On notera les revendications de réforme liturgique, la mise en cause de la structure hiérarchique de l'Eglise au nom d'un très ambigu retour à la primitive Eglise identifiée aux nouvelles formes de gouvernement démocratique, la contestation du célibat sacerdotal (de fait, l'abbé Tolin abdiqua par la suite son sacerdoce et se maria).

On peut trouver un certain nombre de parallèles avec la situation actuelle, notamment en ce qui concerne l'enchaînement des faits et les mentalités, et de fait, des historiens aussi réputés que Bernard Plongeron (voir son article de 1973 dans les Annales historiques de la Révolution française sur la théologie et la pratique de la collégialité dans l'Eglise constitutionnelle) voient dans les constitutionnels (pour lesquels ils cachent rarement leurs sympathies) des précurseurs de Vatican II ; cependant il me semble qu'une certaine prudence s'impose et qu'il faut éviter les anachronismes.
A titre personnel, je suis extrêmement gêné par certains usages que l'on peut faire de la crise révolutionnaire dans le milieu traditionaliste ; peut-être aurai-je l'occasion d'y revenir.

Peregrinus

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