Dans son discours de 2006, Benoît XVI évoque trois principes non-négociables. Le programme de M. Macron enfreint les deux premiers (respect de la vie et de la famille).
Dans sa note doctrinale (Magistère de Jean-Paul II, fin d'année 2002), le cardinal Ratzinger donne une série de repères, allant des "lois civiles en matière d'avortement et d'euthanasie" au "grand thème de la paix".
Quelques éléments de discernement :
A. Le cardinal Ratzinger reconnaît la possibilité morale d'apporter "son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une [loi sur l'avortement] et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique".
B. Mais il ajoute "que la conscience chrétienne bien formée ne permet à personne d’encourager par son vote la mise en œuvre d’un programme politique ou d’une loi dans lesquels le contenu fondamental de la foi et de la morale serait évincé par la présentation de propositions différentes de ce contenu ou opposées à lui. Parce que la foi est un tout indivisible, il n’est pas logique d’isoler un de ses éléments au détriment de la totalité de la doctrine catholique."
1. Il va de soi que la prohibition de lois est plus contraignante que le respect d'un principe plus général (par exemple : le respect de la justice sociale).
2. Il est clair que le programme de M. Macron est gravement contraire aux demandes de l'Eglise (PMA, GPA à l'étranger, promotion de l'avortement, dissolution de la famille dans "les familles" (sic)).
3. Le programme de Mme Le Pen ne promeut sans doute sur aucun point de désordre plus grand que le programme de M. Macron.
4. Le programme de Mme Le Pen ne promeut ni ségrégation, ni déportation, ni extermination.
5. Sur l'avortement (seul point bloquant du programme de Mme Le Pen - que je n'ai pas lu, mais je crois ce que la Croix m'en a dit :-), M. Macron souhaite le promouvoir ; Mme Le Pen n'entend pas le restreindre, mais souhaite mettre en place une politique nataliste qui devrait commencer d'en limiter l'effet (voir la remarque A. du cardinal ci-dessus).
Quelques remarques, sur les discours d'Eglise :
- il semblerait qu'en 2002, contrairement à ce qui est aujourd'hui rapporté par la CEF, celle-ci ait pris position officiellement contre Jean-Marie Le Pen (il faudrait donc une fois ôtée l'indigeste langue de buis comprendre "la CEF ne donne pas de consigne de vote" comme "la CEF a toujours laissé libre de voter tout sauf FN") ;
- il semble qu'en 2012, la CEF, qui a présenté comme licite de voter pour François Hollande (proposait de renforcer l'avortement et mettre en place un "mariage" homosexuel) face à Nicolas Sarkozy qui ne proposait "pas si pire", n'ait pas été fidèle aux éléments de discernement proposés par Jean-Paul II et Benoît XVI ;
- il semble qu'en 2017, les évêques et les prêtres qui disent qu'un catholique doit voter ou même peut voter pour M. Macron trompent, qu'ils se trompent ou trahissent ;
- il semble que ceux qui ont lu Jean-Paul II et Benoît XVI au début des années 2000 n'aient retenu que "l'Eglise ne donne pas de consignes de vote" - sans réaliser qu'en 2012 et 2017 le contexte est tellement différent que toutes les options de vote ne sont plus moralement admissibles ;
- reste à savoir si, comme le présente Mgr Ravel, il convient de faire un choix ;
-et si, d'un point de vue moral, pour s'opposer au pire (et inacceptable) que représente M. Macron, il n'est pas du devoir d'une conscience chrétienne, de voter pour Mme Le Pen.
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