Pour eux [les Français] l'Allemagne est un pays énigmatique et qui ne présente pas beaucoup d'intérêt touristique, contrairement à l'Autriche par exemple.
Le dernier point est a priori surprenant.
Évidemment, l'Est est détruit ou perdu et de toute façon ne plus perçu par la multitude comme (historiquement) allemand, alors que l'Allemagne centrale,
Mitteldeutschland : la Saxe, les états de la Thuringe, ainsi que le Brandebourg, les deux Mecklembourg et le bout de la Poméranie qui nous est resté, ont longtemps été plus difficilement accessibles pour des raisons politiques, malgré les joyaux touristiques que l'on y trouve, même encore aujourd'hui.
Mais quand-même, le Guide vert d'Allemagne, même l'édition d'avant la "réunification", est suffisamment épais pour repérer quelques "méritent le voyage". Je l'ai moi-même souvent consulté avec profit.
les Français ont toujours peur des Allemands et que les Allemands méprisent un peu les Français. Pour beaucoup d'Allemands, comme le remarquait Jean-Pierre Chevènement, "la France, c'est comme la Pologne".
Oui, peut-être, mais ce mépris, s'il existe, n'est pas du même ordre.
Le mépris germanique envers toute chose romane est un mépris moral, justifié ou pas (c'est une autre question, et j'ai hâte de dire que je ne le partage généralement pas), pas un mépris culturel, car toute chose bien considérée, il n'y a pas de doute que culturellement l'Empire romain et ses héritiers actuels, même décadents, l'emportent sur les habitants des champs décumates et forcément des territoires encore au-delà. Aussi culturellement, bien sûr, le rattrapage a bien eu lieu, et ce depuis bien des siècles et ce n'est pas pour rien que l'étude de l'antiquité romaine et de sa culture et littérature est non seulement solidement ancrée en terre germanique, elle est même impensable sans l'apport académique allemand, surtout du XIXe siècle. Cela vaut même en partie pour l'étude des philologies romanes, sans parler du grec et des cultures d'orient.
Par mépris
moral je veux dire ce sens de supériorité, de condescendance, de pédanterie, que ressent l'adepte de la rigueur, de l'ordre et du système, le pinailleur, si vous voulez
, envers ce qui est considéré ou perçu, à tort ou à raison, comme un laisser-aller, un laxisme, une certaine paresse, une indulgence trop prononcée.
Mais ce mépris est surtout allemand du nord et souvent protestant (l'affect anti-romain joue encore très fort), les Allemands du sud, Bavarois et Autrichiens, avec leur sympathique
Schlamperei, n'y échappent pas. Nul besoin d'être Français pour être méprisé de la sorte !
Je crois que la méconnaissance est la clef de ce mépris; quand on voyage beaucoup, et même vit, fût-ce temporairement, dans l'aire de la Romania, quand on apprend ses langues, on constate que ce genre d'idées reçues s'évapore et qu'on commence à comprendre et apprécier, même sans tout pouvoir ou vouloir partager.
Le contraire est vrai aussi, vous en êtes un exemple, et il y en a quelques autres dans ce Forum. C'est en quelque sorte rassurant.