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Le Père Bruno-Marie Duffé, un prêtre lyonnais nommé au Vatican
par Jean Kinzler 2017-06-28 15:55:59
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Bruno-Marie Duffé, un théologien social et éthique au Vatican

Mahaut Herrmann

À l’entrée de la maison diocésaine de Lyon, une secrétaire interpelle le père Bruno-Marie Duffé. « Comment doit-on vous appeler maintenant ? Monseigneur ? » Le nouveau secrétaire du dicastère pour le Développement humain répond simplement : « Tout le monde m’a toujours appelé Bruno, continuez à m’appeler Bruno. » La nomination vaticane officialisée le vendredi 16 juin n’a pas changé cette grande figure du catholicisme social lyonnais. Le père Duffé, au parcours intellectuel et pastoral riche, reste d’un abord simple.

Professeur de théologie à l’Université catholique de Lyon, où il a cofondé et dirigé l’Institut des Droits de l’homme, il a soutenu une thèse de philosophie sur Hannah Arendt sous la direction de Blandine Kriegel en 1996. Mais tous ses proches insistent sur un point : chez Bruno-Marie Duffé, la pensée sociale de l’Église s’incarne constamment dans l’attention aux plus fragiles. Ses fonctions universitaires l’ont amené à se rendre en période troublée au Cameroun, au Rwanda, dans les Balkans, en Europe de l’Est. Quand il a quitté la Catho de Lyon, il a continué à accompagner les fragilités humaines en tant qu’aumônier du Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard. « Il y a toujours chez lui en même temps une pensée et l’incarnation de pensée », souligne un membre de l’Antenne sociale. Cette constante lui a valu d’être nommé délégué diocésain à la pastorale de la santé puis vicaire épiscopal pour les questions éthiques et sociales, et enfin, en 2015, aumônier national du CCFD.

D’où lui vient cette passion pour la théologie morale sociale et l’éthique, toujours intacte après trente-six ans de sacerdoce ? « Dans ma famille, nous avons toujours beaucoup dialogué », explique-t-il. De son père, tisseur, il a reçu le goût de la relation humaine. Sa mère, herboriste, lui a transmis le soin de la personne. Il a tiré de tout cela le fil directeur de toutes ses missions, « apprendre avant tout à écouter et être dans l’attention à l’égard des personnes en attente d’une espérance qu’on peut partager ». À Léon Bérard, il a été proche des malades comme des soignants et a mis en place pour eux des formations à l’éthique du soin. Il ne se lasse pas de répéter qu’« il faut permettre d’écouter les questions venant de l’expérience des soignants », ni d’attirer l’attention sur l’ajustement des soins aux personnes qui les reçoivent. « Ce sont des personnes qui sont soignées, pas des pathologies. » Ces dernières années, il a aussi été marqué par la situation des migrants déboutés du droit d’asile.

Ce penseur est aussi un homme de spiritualité. Il aime revenir à l’étymologie pour expliquer ce qui l’anime. « Le mot spiritualité vient du latin spiro, "respirer" », rappelle-t-il. « Il n’y a pas de lien social sans souffle et sans inspiration. Ils sont indispensables à la dimension communautaire de la vie. C’est un besoin quasi-vital. » Son expérience lui a montré que l’interrogation spirituelle apparaît souvent quand on va au bout du questionnement éthique. « Ce n’est pas un domaine éthéré, elle est au contraire bien ancrée dans le réel. Elle a un lien fort avec les questions existentielles des malades, des prisonniers, des migrants : "Qu’est-ce que je vais devenir ?" »

Sa nouvelle mission au Vatican sera « difficile », reconnaît-il, mais elle ne l’effraie pas. Il assistera le cardinal Turkson à la tête d’un dicastère réunissant quatre anciens conseils pontificaux. « Je souhaite partir de la richesse de l’expérience de chaque conseil pontifical et de chaque personne y travaillant ». Là encore, il revient à l’étymologie : « Mon objectif sera d’abord de trouver une méthode de travail synodale, pour que tout le monde soit heureux de cheminer ensemble. » Pour mener à bien la traduction en actes des intuitions du pape François, il est convaincu de la nécessité de « tout s’apprendre mutuellement ». Fort de ses expériences lyonnaises, il entend inscrire fortement la thématique de la santé dans l’écologie intégrale.

À Rome, le père Duffé continuera à se nourrir, comme depuis le début de son ministère, de l’exemple de saint Bruno, à qui il aime faire référence. « L’autre dimension importante de ma vie est la place importante de la contemplation et de la prière dans ma vie quotidienne. » Ces jours-ci, il rit des similitudes entre son parcours et celui de son saint patron : « Lui aussi a été professeur de philosophie et conseiller du pape. »
Ce que je crois :

« Il faut réconcilier les différentes dimensions de la personne humaine, le corps, la vie sociale et relationnelle, la vie intérieure. »

Passé :
1951 : Naissance à Lyon
1981 : Ordination épiscopale
1977-2004 : Enseignant à la Catho de Lyon
1996 : Soutenance de sa thèse de philosophie sur Hannah Arendt
2004 : Nomination comme aumônier du Centre Léon-Bérard

Présent :

Aumônier national du CCFD depuis 2015

Futur :

Installation à Rome début septembre comme secrétaire du dicastère pour le développement humain.

la vie

     

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