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SP:Le pape François réfléchit à l’abolition du motu proprio
par Jean Kinzler 2017-07-07 11:06:34
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Le pape François réfléchit à l’avenir du motu proprio


Le pape, qui a conscience des tensions qu’a pu entraîner la possibilité pour les prêtres de choisir leur rite pourrait profiter de l’accord avec les lefebvristes pour réserver l’ancien rite à leur seule prélature personnelle.


Dans les couloirs du Vatican, Summorum Pontificum n’est plus vraiment un texte d’actualité. Plus importantes semblent être aujourd’hui les discussions avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) pour qui le texte de Benoît XVI n’a pas forcément été une bonne nouvelle : en sortant du débat la question liturgique, le pape allemand avait en effet permis d’aller au fond des désaccords théologiques.

Selon la Commission « Ecclesia Dei », chargée à Rome du dialogue avec la FSSPX, ces désaccords seraient aujourd’hui aplanis. Seule manque encore la signature de Mgr Bernard Fellay au bas du document soumis il y a déjà plusieurs années. « S’ils ne signent pas, ils sont vraiment très bêtes, car on leur fait un pont d’or », commente un observateur qui a lu le texte. Le supérieur général de la FSSPX devrait signer après avoir convaincu les plus récalcitrants au sein de la Fraternité. Et probablement avant l’été 2018, date du prochain chapitre général au cours duquel son mandat sera remis en jeu. Être nommé à vie à la tête d’une prélature lui éviterait une réélection compliquée.
le prêtre ne doit pas choisir son rite

Pour François, il s’agit d’abord d’un geste d’unité : partisan d’une « diversité réconciliée » et non d’une Église uniforme, il est persuadé que, du moment que la FSSPX se dit catholique, elle y a sa place. Reste à savoir si les lefebvristes trouveront leur place dans l’Église plurielle de François. « Que feront les évêques dans les diocèses avec la prélature lefebvriste en face d’eux ? », interroge un observateur.

LIRE : Les lefebvristes français restent sur leurs gardes

Spécialiste de liturgie, le théologien Andrea Grillo se souvient d’ailleurs comment, en son temps, Summorum Pontificum avait mis les évêques en difficulté, pris soudain entre des prêtres choisissant l’ancien rite et une Commission « Ecclesia Dei » ayant une lecture très large du texte. « En introduisant un choix subjectif du rite par le prêtre, le motu proprio a fragilisé l’unité liturgique de l’Église et créé parfois des Églises parallèles jusque dans les paroisses. C’est une rupture de la tradition », estime-t-il.

Ce proche du pape rappelle que, archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait demandé à un prêtre plutôt adversaire de la forme extraordinaire de célébrer pour les fidèles traditionalistes. Justement pour souligner que le prêtre ne doit pas choisir son rite.
« l’ordinaire de l’Église n’est pas là »

Car en même temps, le pape argentin partage avec son prédécesseur une vision très pragmatique de l’ancien rite. Comme Benoît XVI parlait du « petit cercle de ceux qui utilisent l’ancien missel », François estime que son prédécesseur « a fait un geste juste et magnanime pour aller à la rencontre d’une certaine mentalité de quelques groupes et personnes nostalgiques qui s’étaient éloignées » (1). Mais il estime qu’il s’agit bien là d’une « exception » et que « l’ordinaire de l’Église n’est pas là ». « Vatican II et Sacrosanctum Concilium doivent être promus tels qu’ils sont », affirme le pape qui refuse toute idée de « réforme de la réforme ».

Selon Andrea Grillo, François envisagerait même, à terme, d’abolir Summorum Pontificum, à partir du moment où l’ancien rite serait préservé au sein de la prélature personnelle offerte à la FSSPX. « Mais il ne mettra pas cela en œuvre tant que Benoît XVI est en vie », prévient-il aussitôt.

En attendant, ce pape pour qui les demandes de certains, « trop jeunes pour avoir connu la liturgie préconciliaire », cachent une « rigidité défensive », se prépare à entamer un nouveau cycle de catéchèses du mercredi, justement sur la liturgie. « Cela montre sa volonté de prendre ce thème au sérieux, affirme Andrea Grillo. Mais ce sera l’occasion pour lui de parler plus du contenu de la liturgie que de sa forme et des rubriques. »

LIRE AUSSI :Il y a 50 ans, les catholiques commençaient à célébrer la messe en français

Nicolas Senèze, envoyé spécial permanent à Rome

(1) Entretien avec le P. Antonio Spadaro en introduction de Nei tuoi occhi è la mia parola, Rizzoli, 2016.
LC

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la-croix.com
En dix ans, la messe en latin a trouvé sa place
La-Croix.com
17-21 minutes

Il y a dix ans, Benoît XVI tendait la main aux traditionalistes en libéralisant, par la publication de son motu proprio Summorum Pontificum, la forme extraordinaire du rite romain.

Autrefois houleuses, les relations entre l’Église de France et les fidèles attachés à la tradition semblent plus apaisées aujourd’hui.

Dans les diocèses, les évêques restent cependant prudents quant à l’application de ce texte.
Messe à Notre-Dame-des-Airs, à Saint-Cloud (Hauts-de Seine). Le motu proprio est aujourd’hui appliqué dans tous les diocèses.
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Messe à Notre-Dame-des-Airs, à Saint-Cloud (Hauts-de Seine). Le motu proprio est aujourd’hui appliqué dans tous les diocèses. / P. Razzo/Ciric

Chaque jour ou presque, en fin d’après-midi, Laurence, une quadragénaire aux habits excentriques, enfourche son vélo et sillonne, pendant près d’une heure et demie, tout le Sud-Est parisien pour franchir, à 19 heures tapantes, la lourde porte de l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile, dans le 9e arrondissement.

Certes, cette résidente du Val-de-Marne pourrait « trouver des messes de semaine bien plus proches », concède-t-elle à voix basse. Mais elle peut participer là à la messe selon le rite tridentin : une célébration suivant la liturgie qui était en vigueur avant la réforme voulue par le concile Vatican II, qu’elle privilégie « dès qu’elle le peut et depuis qu’elle est petite ».

Ce soir de début juillet, ils sont, comme Laurence, une vingtaine à se recueillir dans l’immense travée de l’édifice qui propose, depuis 1985, des messes de ce type.

Car la « messe en latin », « dos au peuple », est toujours proposée dans l’Église et pas seulement par les intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), héritiers de Mgr Marcel Lefebvre (lire ci-dessus).
forme « extraordinaire » du rite romain

Longtemps problématique et strictement encadrée, cette pratique s’est libéralisée au lendemain de la publication, le 7 juillet 2007, par Benoît XVI, du motu proprio Summorum Pontificum (« La sollicitude des souverains pontifes »), qui a redonné droit de cité dans l’Église à la liturgie telle qu’elle était célébrée avant les années 1960. Cette dernière est devenue ainsi la forme « extraordinaire » du rite romain.

Pourtant longuement discutée et mûrie, la décision du pape de tendre la main aux fidèles de sensibilité traditionnelle – dans le giron de Rome mais se disant troublés par certaines « dérives », souvent issues d’une mauvaise compréhension du renouveau liturgique – avait alors fait l’effet d’un coup de tonnerre. D’autant qu’elle s’inscrivait dans le cadre des discussions avec la FSSPX, vingt ans après le schisme de Mgr Marcel Lefebvre.

Une décennie après Summorum Pontificum, le nombre de lieux de culte proposant la forme extraordinaire a presque doublé en France, passant de 124 à 230, selon la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle. Le motu proprio est aujourd’hui appliqué dans tous les diocèses. Et s’il reconnaît qu’il a pu y avoir des « tensions et des frustrations par endroits », Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne et président de cette commission depuis le 1er juillet, estime que, globalement, cette application « se passe bien », grâce à une démarche « de dialogue et d’écoute mutuelle ».

LIRE : En France, la FSSPX relève de leurs fonctions les prêtres résistants au rapprochement avec Rome
« une question moins clivante aujourd’hui »

Après une intense « bataille liturgique », particulièrement féroce à partir des années 1970, la situation semble en effet aujourd’hui relativement apaisée. « Même si beaucoup continuent de regretter amèrement cette décision de Benoît XVI, la question est moins clivante aujourd’hui », affirme un théologien, fin connaisseur du dossier – non sans qualifier la décision de « très perturbante d’un point de vue pastoral ».

Côté traditionaliste, beaucoup confirment ce sentiment d’une pacification. « La question est moins polémique qu’à l’époque », souligne l’abbé Claude Barthe, aumônier du pèlerinage « Summorum Pontificum », qui, chaque année depuis cinq ans, se rend à Rome afin de remercier le pape pour son geste. « Au sein de certaines paroisses où les deux formes de rites sont présentes, des liens se tissent entre les communautés », renchérit même l’abbé de Fongombault (Indre), Dom Jean Pateau, qui donnera, à l’occasion de ce pèlerinage organisé cette année du 14 au 16 septembre, une conférence sur les fruits du motu proprio dans la vie monastique et sacerdotale.

Le Père Marc Guelfucci, curé de la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile, évoque « certains fidèles, qui n’ont pas été marqués par les querelles historiques et idéologiques, et qui dialoguent avec les autres ou participent parfois indifféremment aux deux rites. »
La richesse de la diversité

Le temps, lui aussi, a contribué à calmer les esprits, ou à reléguer la question derrière d’autres priorités pastorales. Au moment de sa publication, le texte pontifical avait suscité les craintes d’une grande partie de l’épiscopat français, soucieux de maintenir l’unité des communautés et qui y voyait le risque de l’installation d’un bi-ritualisme.

Toutefois, l’application du texte a aussi cristallisé des tensions entre différentes conceptions du monde et de l’Église. Les évêques reconnaissent dans leur ensemble la richesse de la diversité, y compris rituelle, mais ils sont nombreux à craindre d’être dépassés par les revendications, parfois intransigeantes, des fidèles traditionalistes. Ce qui a poussé certains à limiter au maximum le nombre de lieux de culte proposant la forme extraordinaire.

« En laissant aux prêtres, en premier lieu, la faculté de proposer des messes en forme extraordinaire, et en invitant les fidèles à se référer au Saint-Siège si leur évêque émet des réticences, le motu proprio a considérablement relativisé l’autorité de ce dernier dans son diocèse », estime en ce sens le Père Luc Forestier, prêtre oratorien et théologien, maître de conférences à l’Institut catholique de Paris.

LIRE AUSSI : Les rites dans l'Eglise
« La question de l’obéissance à l’Église »

Plus largement, l’inquiétude est celle d’une remise en cause de l’autorité du concile Vatican II, dans le contexte d’une cristallisation des enjeux, par les traditionalistes, autour de la question liturgique. « Ce n’est pas qu’un problème liturgique, mais ecclésiologique », analyse un liturgiste, spécialiste de la question, qui préfère rester anonyme, comme beaucoup sur ce sujet manifestement encore sensible. « La réforme liturgique voulue par le Concile a été votée à une majorité écrasante, rappelle-t-il. Vouloir revenir à la forme préconciliaire pose véritablement la question de l’obéissance à l’Église. »

En dépit de ces difficultés, la tradition continue d’attirer. Les jeunes, prêtres comme laïcs, sont nombreux à se tourner depuis quelques années vers le rite tridentin. Les vocations issues des communautés traditionnelles continuent par ailleurs de se multiplier. Comment expliquer ce retour vers une liturgie qu’ils n’ont jamais connue, parfois totalement étrangère à leur univers familial ? « Peut être est-ce un moyen avant tout politique de lutter contre un sentiment de déstabilisation, de dépassement, face à une mondialisation très violente et contre laquelle ils veulent résister », avance le Père Luc Forestier.

Dans le Sud-Ouest de la France, un jeune vicaire de 32 ans – qui lui aussi ne veut pas voir son nom cité – se réjouit d’avoir « découvert, pendant ses études, la forme extraordinaire grâce à un ami séminariste. Comme ce n’était pas très bien vu, nous nous rendions à la messe sous cette forme une fois par semaine en cachette, ainsi qu’à des conférences sur la liturgie : la publication du motu proprio a soulevé le couvercle ». Même si, dix ans après, la messe en latin est encore loin d’être banalisée.

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REPÈRES
L’Église et le monde traditionaliste

1970. Mgr Marcel Lefebvre, chef de file des traditionalistes, fonde la Fraternité
sacerdotale Saint-Pie-X, qui conserve la liturgie
antérieure au concile Vatican II.

1976. Mgr Lefebvre est suspendu par le Vatican.

1984. Publication de la lettre circulaire Quattuor abhinc annos, qui autorise prêtres et fidèles à célébrer le rite tridentin sous certaines conditions.

1988. Mgr Lefebvre ordonne quatre évêques sans mandat pontifical, ce qui lui vaut d’être excommunié par Jean-Paul II. Ses fidèles seront désormais qualifiés d’intégristes. Création de la Commission pontificale «Ecclesia Dei» pour faciliter l’accueil dans le giron romain des communautés et fidèles traditionalistes refusant le schisme.

2006. Des dissidents de la FSSPX se rallient à Rome
et fondent à Bordeaux l’Institut du Bon Pasteur.

2007. Publication par Benoît XVI du motu proprio Summorum pontificum cura.

2011. Rome publie des précisions sur le motu proprio, pour encadrer la pratique et redonner du pouvoir à l’évêque.

Marie Malzac et Malo Tresca

LC

     

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 SP:Le pape François réfléchit à l’abolition du motu proprio par Jean Kinzler  (2017-07-07 11:06:34)
      lire le nom de l'auteur de l'article et celui du journal... par yann-vanch  (2017-07-19 21:14:32)
      on a du mal à y croire par Chris  (2017-07-19 22:15:50)


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