En 60 ans, le scandale a changé de camp :
en 1957, un curé qui aurait enterré à l'église (en connaissance de cause) un suicidé aurait suscité la réprobation générale.
en 2017, un curé qui refuserait d'enterrer à l'église un suicidé susciterait le scandale de toute la population (pratiquante, non-pratiquante, et incroyante).
Sachant qu'on est bien obligé de vivre dans ce contexte, le prêtre va s'efforcer de faire passer ce qu'il peut du message chrétien.
Et ce n'est pas du tout évident.
Par exemple quand on enterre une personne absolument non-pratiquante, en présence d'une assemblée qui l'est tout autant.
Une fois, je reçois un monsieur pour l'enterrement de sa femme. Ils avaient été mariés pendant 52 ans.
On parle de choses et d'autres, et je pose la question (un peu préoccupé, parce qu'il arrive que...) :
- N*** était baptisée ?...
- Ah, je ne sais pas... Non, je ne sais pas... On n'a jamais abordé la question...
Ils avaient donc vécu 52 ans ensemble...
J'ai appris par ses soeurs qu'elle était effectivement baptisée.
Voilà dans quel contexte le prêtre doit faire son possible pour limiter les dégâts et faire ce qu'il peut.
J'ai dû vous dire aussi que dans certains secteurs, avec un prêtre qui dessert plusieurs dizaines de clochers (ou même simplement 6, d'ailleurs), non seulement le prêtre ne peut plus assurer tous les enterrements de baptisés (non-pratiquants), mais cela va même devenir très difficile de trouver des laïcs capables d'assurer une cérémonie à l'église !
Il y a là un service à rendre, oh combien utile pour parler de Dieu à des gens qui ne connaissent rien de Lui !
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