Bonsoir Miserere,
1. D'une manière générale, au moins depuis le milieu du XX° siècle, on est vraiment en droit de s'interroger sur ce qui fait le plus autorité, chez bien des catholiques et chez bien des protestants.
S'agit-il avant tout de la Parole de Dieu, de l'Ecriture et de la Tradition, de l'Ancien Testament, du Nouveau Testament, des Pères de l'Eglise, des Docteurs de l'Eglise, ou s'agit-il avant tout de telle vision non chrétienne, non croyante, ou, en tout cas, bien moins annonçante et confessante que conversante et dialoguante, de la conscience de l'homme, du devenir du monde, de la ligne du temps, des signes des temps, de Dieu sans l'être, du visage de l'autre, de la culture du peuple, des religions du monde, ou encore de "l'esprit de l'Evangile" ?
2. Par ailleurs, nous sommes souvent en présence de clercs catholiques qui, par amour et par respect pour les textes du Concile qui sont ici en cause, et qu'ils disent apprécier ou approuver au moins autant que les autres textes de Vatican II, pourraient au moins s'efforcer de préciser ou de rappeler, à temps et à contre-temps, ce que devraient pouvoir être, davantage que dans les faits,
- le véritable dialogue interreligieux, lequel est situé, en principe, aux antipodes du confusionnisme et du consensualisme postmodernes qui caractérisent le sentimentalisme interreligieux,
et
- la véritable liberté religieuse, laquelle est située, en théorie, aux antipodes de l'indistinction postmoderne entre la liberté responsable et la licence, relativiste et subjectiviste, en matière religieuse.
Or ces clercs n'effectuent presque jamais ce double travail de clarification doctrinale et de consolidation pastorale...
Il est vrai qu'un tel travail les amènerait ou les obligerait à avoir un positionnement contra-positionnel, face à la mentalité dominante, en l'occurrence dans deux domaines qui, compte tenu de bien des engrenages et de bien des habitudes, se prêtent extrêmement mal à la mise en avant et en valeur d'un tel positionnement contra-positionnel.
3. J'en viens finalement à me dire ce qui suit : je vais finir pas croire, en effet, que pour bon nombre de ces clercs, qui ont accepté d'hériter d'un corps de doctrine qui explique grandement le fait qu'ils n'héritent pas d'un corps de bataille abondant, peu importent le degré d'imprécision et d'indistinction, et le niveau d'incohérence et d'inconséquence, à l'intérieur du discours tenu.
Ce qui semble vraiment importer le plus, c'est que le discours tenu, au moyen d'affirmations et d'expressions, mais aussi d'occultations et d'omissions, qui vont presque toujours dans la même direction, celle du suivisme, puisse être considéré comme plus ou moins assimilable à l'ambiance et à la culture de l'époque, ou comme plus ou moins conciliable avec l'ambiance ou avec la culture de l'époque.
4. Et c'est là, je dois le dire, que je me fais le plus sévère : ne nous a-t-on pas bassiné les oreilles, pendant des décennies, avec les prétendues "intuitions prophétiques" dont il est question ici, alors qu'il semble vraiment s'agir, bien plutôt, d'intuitions mimétiques, inspirées ou orientées notamment
- par le néo-protestantisme post-schleiermachien, en ce qui concerne la conception dominante du dialogue interconfessionnel et du dialogue interreligieux,
et
- par les fondements ou principes officiels du monde occidental, depuis 1945, pour ce qui a trait à la vision actuelle de l'intérêt général et des droits de l'homme ?
Merci beaucoup pour tout point de vue d'un liseur, sur ces remarques complémentaires, et bonne soirée.
Scrutator.