Bonjour à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Mgr Schneider ne semble pas parler de ce que le Concile a condamné, non explicitement ni officiellement, mais néanmoins réellement.
1. Le Concile Vatican II a en effet condamné ou, en tout cas, "dépassé" un mode de raisonnement essentiellement
- analytique et autoritaire,
- catégorique et définitoire,
- déductif et directif, ou linéaire et méthodique,
- définitif, directionnel, dogmatique,
- objectiviste, au sens de : réaliste,
- s'exprimant par contre-distinctions.
Dans le cadre d'un tel mode de raisonnement, on considère en substance
- que ce qui s'impose peut et doit être formellement prescrit,
et
- que ce qui éloigne de ce qui s'impose, ou que ce qui s'oppose à ce qui s'impose, peut et doit être formellement proscrit.
2. Le Concile Vatican II a entendu promouvoir un tout autre mode de raisonnement, essentiellement
- amélioratif et téléologique,
- bienveillant et positif,
- empathique, voire optimiste,
- globalisant ou synthétiseur,
- herméneutiste, voire historiciste,
- inductif et suggestif.
Dans le cadre d'un tel mode de raisonnement, on considère en substance
- que ce qui s'impose peut ne pas être systématiquement prescrit,
et
- que ce qui éloigne de ce qui s'impose, ou que ce qui s'oppose à ce qui s'impose, ne doit pas être systématiquement proscrit.
3. Sans doute la distinction qui précède est-elle trop schématique, mais je n'en ai pas trouvé d'autres, pour essayer de faire comprendre que la vision selon laquelle, au Concile, il n'y a eu ni condamnations, ni définitions dogmatiques, au sens le plus fort de ce terme, gagne à être complétée par la vision selon laquelle, au Concile, nous avons assisté à la condamnation ou au dépassement d'un certain mode de raisonnement, d'un certain style, et à la légitimation, à la reconnaissance, d'un autre mode de raisonnement, d'un autre style.
4. Or, il me semble vraiment que dans certains domaines, relatifs à la foi ou aux moeurs, il est impossible, si l'on veut vraiment se faire bien comprendre, de se passer du mode de raisonnement quasiment opposé à celui qui a été utilisé et valorisé, au Concile... N'est-ce pas le problème auquel Paul VI a été confronté, au moment de commencer à rédiger Humanae vitae ?
Comment commencer ou continuer à "recatholiciser le catholicisme", à reprioriser les thèmes (certes présents au Concile, mais pas considérés comme "conciliaires"), auxquels Mgr Schneider est le plus sensible, tout en continuant à recourir à un mode de raisonnement qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne met pas toujours à l'abri de la tentation de s'en remettre à du suivisme ?
Bonne journée.
Scrutator.