Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More

Le Forum Catholique

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ami de la Miséricorde -  2017-08-25 01:22:10

Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More

XVI. DE CEUX QUI VEULENT SE TUER POUSSÉS PAR LE DÉMON QUI LEUR FAIT CROIRE À UNE RÉVÉLATION DIVINE

VINCENT : Il est bien difficile, pour un homme riche et bien habillé, de se comparer à un mendiant en guenilles.

ANTOINE : Supposez, mon cher neveu, qu'il y ait ici, deux hommes, tous deux mendiants. Survient un richard, il en emmène un avec lui et le garde chez lui pendant un certain temps, l'habille de soie, lui donne une bourse bien garnie, mais, l'avertissant que, dans peu de temps, il lui faudra reprendre ses haillons, et retrouver sa pauvreté. Supposez que ce mendiant vêtu de soie rencontre son compagnon ; ne pourrait-il, malgré son accoutrement, se reconnaître comme son frère ?

Ne serait-il pas fou, si, pour une fortune de quelques semaines, il se croyait supérieur à l'autre ?

VINCENT : Certainement, mon oncle, si du moins il n'y a entre eux d'autre différence.

ANTOINE : Mon cher neveu, il me semble qu'en ce monde la différence entre le plus riche et le plus pauvre est à peine plus sensible. Que le plus riche considère le plus misérable et pense qu'ils étaient tous deux pareils en venant au monde. Qu'il se dise bien que malgré toute la richesse dont il jouit actuellement il sera, peut-être, dans quelques jours, plus misérable encore que ce mendiant.

Aucun homme ayant un brin d'intelligence et sachant s'en servir ne peut penser moins que cela. Mais un chrétien, ayant un peu de foi, ne peut manquer d'aller plus loin. Il ne pensera pas seulement à sa venue ici-bas, à son départ pour l'autre monde, mais aussi au terrible jugement de Dieu, aux effroyables peines de l'enfer et aux inestimables joies du ciel. En réfléchissant à ces réalités, il se dira que, quand ce pauvre hère et lui-même auront tous deux quitté ce monde, le mendiant sera entouré de tels honneurs qu'il souhaitera à ce moment être son égal. Pour celui qui réfléchit à ces choses, mon cher neveu, la flèche de l'orgueil volant en plein jour, n'est pas bien redoutable.

Mais pour y bien penser, le mieux est de se confesser souvent. Que l'homme vertueux, qui craint le démon de la prospérité, ouvre son coeur et, par la bouche de quelque vertueux père spirituel, il entendra des vérités qu'il avait oubliées. Qu'il se ménage en sa maison quelque endroit solitaire et silencieux, qu'il s'y retire de temps en temps et qu'il s'imagine se retirer du monde et rencontrer Dieu pour lui rendre compte de sa vie de péché. Là, devant un autel, devant quelque image représentant l'amère Passion du Christ, image dont la contemplation peut lui remettre en mémoire la Passion elle-même, et éveiller en son âme une dévote compassion, qu'il s'agenouille et se prosterne aux pieds du Seigneur tout-puissant, croyant fermement qu'il est là, invisiblement présent. Alors, qu'il ouvre son coeur à Dieu et confesse les fautes dont il peut se souvenir, qu'il prie Dieu de lui accorder le pardon. Qu'il se souvienne des bienfaits dont Dieu l'a comblé, (honneurs publics ou grâces intimes). Qu'il avoue à Dieu les tentations du démon, les tentations de la chair, celles du monde, et les occasions de pécher provenant des amis, lesquels sont parfois bien plus dangereux pour enlever un homme à Dieu que ne le sont ses plus mortels ennemis. Notre-Seigneur l'affirme lui-même quand il dit : « Un homme a pour ennemis les gens de sa propre famille » (Mt., 10, 30).

Source : livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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