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Dialogue du réconfort dans les tribulations de Saint Thomas More
par ami de la Miséricorde 2017-09-20 22:17:44
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X. DE LA FLATTERIE

(...) À partir de ce moment chacun s'absorba si profondément dans la recherche d'un compliment bien tourné qu'il en oublia de manger. Il eût été honteux de ne faire qu'une plate louange. Nous commençâmes par le plus éloigné, nous procédions par ordre comme s'il se fût agi d'une délibération solennelle ayant pour objet le bien public. Quand ce fut mon tour, je ne dis pas cela pour me vanter, mon oncle, il me sembla m'en acquitter fort bien ! J'étais fier de moi et de l'aisance que je mis à m'exprimer dans la langue allemande qui m'est peu familière, car je mis ma coquetterie à refuser la facilité, qui eût été de m'exprimer en latin. J'espérais être apprécié plus encore par le fait que celui qui devait parler après moi était un prêtre ignorant ne sachant pas un mot de latin. Mais ce rusé renard était si rompu aux exercices de cour qu'il me surpassa et de beaucoup. Je vis à quel degré de perfection dans la flatterie un esprit retors pouvait arriver, en se tendant uniquement vers ce but. Mais je me promis bien que si nous nous trouvions réunis à cette table, lui et moi, et que nous devions de nouveau rivaliser dans la flatterie, j'userais du latin pour qu'il ne puisse plus se mesurer avec moi. Je veux bien me laisser distancer par un cheval, non par un âne.

Mais, mon oncle, écoutez ce qui arriva. Celui qui avait la place d'honneur et qui devait parler le dernier était le détenteur d'un grand bénéfice, et il était versé dans les lois de l'Église. Il fallait voir avec quelle application il suivait les paroles de chacun. Il me semble que mieux on parlait, plus il était ennuyé, car il pensait à la difficulté qu'il aurait à parler mieux encore. Il faisait de tels efforts qu'il en était en sueur et devait de temps à autre s'éponger le visage. Mais celui qui parla avant lui ne laissa pas un mot sensé à sa disposition.

ANTOINE : Pauvre homme ! L'un d'entre vous aurait dû lui venir en aide !

VINCENT : Il n'en eut pas besoin, mon oncle, car il trouva le moyen de nous surpasser tous.

ANTOINE : Que dit-il ?

VINCENT : Par Notre-Dame, il ne prononça pas un mot. Pline raconte que lorsque le peintre Apelle peignit le sacrifice d'Iphigénie, il voulut rendre la tristesse sur tous les visages des chefs grecs. Il laissa, pour le peindre en dernier, Agamemnon, père d'Iphigénie, parce qu'il voulait qu'il fût plus douloureux que tous les autres. Quand il en arriva à peindre ce visage paternel, il avait dépensé tant de talent pour les autres qu'il ne savait plus comment s'y prendre. (...)

Source : livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde

     

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