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Les saints et les anges
par Abbé Néri 2017-10-04 14:38:33
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Dans ce mois d'octobre consacré à Notre-Dame du Rosaire nous sommes aussi conviés à cultiver la dévotion envers les anges et en particulier vis-à-vis de celui qui nous garde. Dans la première strophe d'un cantique populaire on trouve réunies ces deux dévotions :

Les saints et les anges
En chœurs glorieux
Chantent vos louanges
Ô Reine des cieux.

On peut s’arrêter sur l'image de cette merveilleuse union des saints et des anges dans la louange à la Reine des cieux. Cette louange s’insère dans celle qui remonte jusqu'à Dieu.

Saint François de Sales résume admirablement les raisons qui expliquent le dévouement des anges pour nous.

« Quant aux raisons – dit-il - qui les convient à tant d'offices de charité, c'est :

1° La divine volonté.

2° L'honneur qu'ils rendent au Fils de Dieu, lequel ils voient être revêtu de notre humanité, se dire notre frère, et réputer être fait à soi-même tout ce qui est fait de bien et de mal au moindre de nous.

3° L'image de Jésus-Christ, qu'ils reconnaissent et respectent en nous.

4° Le prix et la valeur d'une âme qui est en grâce, âme que le Saint-Esprit daigne appeler sa bien-aimée et son épouse.

5° Enfin, la haine et sollicitude infatigable des démons à nous nuire. Qui peut douter que l'amour que nous porte notre bon ange ne prévale à leur extrême malice ? » (1)


Il y a dans les fioretti de saint François d'Assise que nous fêtons aujourd'hui une anecdote qu'illustre concrètement cette attention que les anges nous portent et le grand respect et confiance que les saints ont envers eux :

« Il advint un jour que, Saint François étant en oraison dans le bois, un beau jeune homme, en habit de voyage, vint à la porte du couvent et frappa avec une telle précipitation, et si fort, et si longtemps, que les frères s'étonnèrent beaucoup d'une aussi étrange manière de frapper. Frère Massée alla à la porte, l'ouvrit et dit à ce jeune homme:

« D'où viens-tu, mon fils, car il ne semble pas que tu sois jamais venu ici, tellement tu as frappé d'étrange façon ? »

Le jeune homme répondit:

« Et comment faut-il frapper ? »

Frère Massée dit:

« Frappe trois fois l'une après l'autre, lentement, puis attends assez pour que le frère ait le temps de dire le Pater noster et de venir à toi; et si dans cet intervalle il ne vient pas, frappe un autre fois. »

Le jeune homme répondit:

« J'ai grande hâte, c'est pourquoi je frappe aussi fort; car j'ai à faire un long voyage et je suis venu ici pour parler à frère François; mais il est maintenant dans le bois en contemplation, et pour cela je ne veux pas le distraire; mais va et envoie-moi frère Élie, car je veux lui poser une question parce que je sais qu'il est très sage. »

Frère Massée va et dit à frère Élie d'aller trouver ce jeune homme.

Mais frère Élie se fâche et ne veut y aller, en sorte que frère Massée ne sait que faire ni que répondre au visiteur; car s'il disait: « Frère Élie ne peut venir », il mentait, et s'il disait qu'il était en colère et ne voulait venir, il avait à craindre de lui donner un mauvais exemple.

Et pendant que frère Massée hésitait pour cela à retourner, le jeune homme frappa de nouveau comme la première fois; peu après frère Massée retourna à la porte et dit au jeune homme: 

« Tu n'as pas tenu compte de ma leçon sur la manière de frapper. »

Le jeune homme répondit:

« Frère Élie ne veut pas venir à moi; mais va et dis à frère François que je suis venu pour m'entretenir avec lui, mais parce que je ne veux pas interrompe son oraison, dis-lui de m'envoyer frère Élie. »

Alors frère Massée s'en alla vers François qui priait dans le bois, la face levée vers le ciel, et lui rapporta tout le message du jeune homme et la réponse de frère Élie.

Et ce jeune homme était l'ange de Dieu sous forme humaine.

Alors saint François, sans changer de place ni baisser le visage, dit à frère Massée: 

« Va et dis à frère Élie d'aller immédiatement au nom de la sainte obéissance, trouver ce jeune homme. »

Frère Élie, ayant reçu l'ordre de saint François, alla, fort en colère, à la porte, l'ouvrit avec grande impétuosité et fracas, et dit au jeune homme:

« Que veux-tu ? »

Le jeune homme répondit:

« Prends garde, frère Élie, de n'être point en colère, comme tu le parais, car la colère trouble l'esprit et ne laisse pas discerner la vérité. »

Frère Élie dit:

« Dis-moi ce que tu veux de moi. »

Le jeune homme répondit:

« Je te demande s'il est permis aux observateurs du saint Évangile de manger de ce qui leur est servi, comme le Christ l'a dit à ses disciples.

Et je te demande encore s'il est permis à qui que ce soit d'établir rien de contraire à la liberté évangélique. »

Frère Élie répondit avec superbe:

«  Je le sais bien, mais je ne veux pas répondre; va à tes affaires. »

Le jeune homme dit:

« Je saurais mieux répondre à cette question que toi. »

Alors frère Élie, en colère, ferma la porte avec violence et s'en alla. Puis il commença à réfléchir à cette question et à hésiter en lui-même; et il ne savait pas la résoudre. Car il était Vicaire de l'ordre, et il avait ordonnée et prescrit par une constitution, au delà de l'Évangile et de la Règle de saint François, qu'aucun frère de l'Ordre ne mangeât de la viande, de sorte que la dite question était expressément dirigée contre lui.

Cela fait, saint François, à qui tout avait été révélé par Dieu, revint du bois, et reprit âprement frère Élie à haute voix en disant:

« Vous agissez mal, orgueilleux frère Élie, vous qui chassez loin de nous les saints anges qui viennent nous instruire. Je te déclare que je crains fort que ta superbe ne te fasse finir hors de cet Ordre. »

Et ainsi lui advint dans la suite, comme saint François le lui prédit, car il mourut hors de l'ordre. »

Ainsi que saint François le reproche au frère Élie c'est l'orgueil qui nous empêche de suivre les bonnes inspirations de notre ange gardien. Pour mieux répondre à cette assistance céleste on peut méditer cette belle exhortation de saint François de Sales :

« Mon Dieu, quelle confiance nous devrions avoir en ces anges si propices et si favorables, en tous temps et occasions, mais surtout dans les grandes et ardues entreprises !

Jamais il n'a été que les vrais chrétiens ne se soient recommandés à leurs anges gardiens, principalement au fort de la nécessité, assurés que, les invoquant, ils en tireraient un secours ordinaire et extraordinaire, c'est-à-dire mille sortes d'aides et d'assistances.

Que si les magiciens, lorsqu'ils joignent leur perverse volonté à celle des démons, ont souvent le pouvoir de nuire, pourquoi ne mettrions-nous pas notre confiance aux anges ?

Pourquoi n'unirions-nous pas nos cœurs à ces célestes esprits ? car, comme les petits rossignols apprennent à chanter avec les grands, nous apprenons à mieux prier et chanter les louanges divines : Je psalmodierai, disait David, à la vue de vos anges ! Pourquoi ne joindrions-nous pas aussi notre volonté à la leur, et l'une et l'autre à la divine ? » (2)


De cette unité magnifique nous avons un excellent exemple dans sainte Thérèse de l'enfant Jésus que nous avons fêté hier, et qui se laisse entrevoir dans ce beau poème qu'elle à écrit :

Glorieux gardien de mon âme,
Toi qui brille dans le beau ciel
Comme une douce et pure flamme
Près du trône de l’Éternel
Tu descends pour moi sur la terre
Et m'éclairant de ta splendeur
Bel ange, tu deviens mon frère,
Mon ami, mon consolateur !..

En guise de conclusion une prière à notre ange gardien que nous pouvons inclure tous les jours dans la prière du matin :

« Ange de Dieu, qui êtes mon gardien, vous à qui la divine bonté m'a confié, éclairez-moi aujourd'hui, gardez-moi, dirigez-moi, protégez-moi. Amen »


(1) La Piété consolante de Saint François de Sales, ou Règles de conduite propres à éclairer et à rassurer les âmes portées aux scrupules et au découragement, recueillies dans ses écrits et mises en ordre avec une Introduction et des notes, Par le R.P. Huguet, Mariste, Paris, Charles Douniol, 1858 (seconde partie, ch. XVI)

(2) idem

     

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