Il me semble que si l’on souhaite traduire littéralement, il faut alors tout simplement traduire « ne nous induis pas ». En traduisant par le verbe <i>soumettre</i>, on s’éloigne en effet du texte, mais sans en améliorer la compréhension.
Si l’on souhaite privilégier la compréhension sur le texte, mieux vaudra préférer la traduction <i>ne nous laisse pas succomber</i>, ou d’autres, telle celle de Sacy : <i>ne nous abandonnez point</i>, qu’éclaire bien àmha les explications du P. Lebrun que j’ai relayé <a href="https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=831966">plus haut</a> et dont voici un extrait significatif :
On peut induire quelqu’un en tentation ; premièrement en le portant au mal ; secondement, en ne détournant pas les tentations dont il va être attaqué ; troisièmement, en le laissant sans les secours qui l’empêcheraient de succomber à la tentation.<br><br>Nous n’avons garde de demander à Dieu qu’il ne nous porte pas au mal : nous savons tous qu’il ne nous tente pas de cette manière (<i>Deus enim intentatormatorum est ipse autem neminem tentat, unusquisque vero tentatur a concupiscentia sua.</i> Jaq I 13 & 14. <i>Concupiscentia quæ non est ex Patre</i> I Joann II 16), & qu’il ne peut nous induire en tentation que dans les deux derniers sens, ainsi nous demandons, à cause de notre fragilité, que <b>Dieu ne nous laisse pas entrer en tentation. C’est la prière que Jésus-Christ dit aux Apôtres de faire (Orate ne intretis in tentationem. Lc XXII 40), & c’est en ce sens que Saint Cyprien, & plusieurs autres Pères expliquent ces paroles, <i>ne nous induisez pas en tentation</i> ; c’est-à-dire, ne souffrez pas que nous soyons tentés.</b>
Mais comme cette vie est une tentation continuelle, & que nous ne pouvons pas espérer d’éviter toutes les tentations, ayant à combattre ontre le démon, le monde & la chair ; nous demandons aussi que Dieu ne nous laisse pas succomber à la tentation en nous abandonnant à nous-mêmes. Nous ne nous éloignons de la volonté de Dieu, & nous ne succombons à la tentation, qu’en manquant de lumière & de force. La grâce de Dieu est toute notre ressource pour faire le bien & pour vaincre les tentations. <i>Et comme nous sommes victorieux quand Dieu nous assiste</i>, dit le Pape Innocent I, <i>il est nécessaire que nous ne soyons vaincus quand il ne nous assiste pas</i> ; ainsi si Dieu nous laisse à nous-mêmes, il nous induit en tentation (non congendo sed deterendo, Aug. Serm. 37 in Matt.c.9.), <b><i>non en nous y poussant mais en nous abandonnant,</i></b> dit Saint Augustin. Nous demandons donc que Dieu ne nous abandonne pas, & <b>ne nous laisse pas succomber à a tentation</b>. Nous savons qu’étant fidèles à ses promesses, il ne nous laissera pas tenter au-delà de nos forces (<i>Non patietur vos tentari supra id quod potestis, sed faciet etiam cum tentatione proventum</i>, Cor X 13) ;& <b>nous espérons qu’il ne permettra la tentation que pour nous en faire sortir d’avantage.</b>
Je crois d’ailleurs que les deux traductions <i>ne nous induis pas</i> et <i>ne nous laisse pas succomber</i> coexistent dès les premières traductions en ancien français.
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