regrettable à mon très humble avis.
La Tradition avait fait un usage très mesuré, extrêmement prudent de ces béatifications/canonisations pour les papes.
L'accélération récente et l'usage "clivant" a commencé avec la procédure concernant Pie X, ne l'oublions pas. C'est un peu Pie XII qui a ouvert la boîte de Pandore ... en 1951 et 1954.
Ensuite Paul VI est conduit à cause de la polémique internationale lancée contre la mémoire de Pie XII en 1963 à ouvrir un peu plus le couvercle de la boîte en démarrant un double procès, celui de Pie XII - resté on se demande bien pourquoi ... au stade de Vénérable - et celui de Jean XXIII qui a lui passé le cap du bienheureux puis du saint. La manoeuvre florentine du Bienheureux visait à unir le pré-concile et le post-concile.
Jean-Paul II dans la même veine des décisions "politiques" béatifia Pie IX et Jean XXIII ensemble, histoire de réconcilier Vatican I et Vatican II, le Syllabus et Dignitatis humanae, Pastor aeternus et Lumen gentium.
Benoît XVI a poursuivi avec le "santo subito" pour Jean-Paul II où on pourrait croire que la gestion du cas Maciel et de ses semblables devient digne des autels comme en son temps celle, tout aussi controversée, de Pie X pour certains clercs soupçonnés de modernisme.
François est dans cette veine : béatification de Paul VI et maintenant de Jean-Paul Ier qui se prépare.
On voit comment l'ultramontanisme extrême nourrit cette tendance : le pape régnant équilibre ainsi en peuplant les autels de pontifes récents la vision papolâtrique qui tient à étouffer les critiques internes à la hiérarchie et le désir de plus de dévolution collégiale-synodale.
Ces papes du XXe siècle sont des personnalités marquantes, leurs qualités humaines sont réelles mais fallait-il se lancer dans cette spirale au risque de faire servir la procédure de béatification/canonisation à des fins plus naturelles que surnaturelles ? Au moins au risque de cette perception, j'ai pour ma part toujours été réservé là-dessus. Indépendamment, je le redis, de l'estime ou l'admiration que les pontifes ainsi placés sur les autels peuvent légitimement susciter.
Et puis cela nous laisse avec Benoît XV - aurait-il démérité ? - et le bouillant/fulminant Pie XI : aurait-il été moins "prophète" que Jean-Paul Ier en un mois ?
Et mon pape de dilection, l'immense Léon XIII ?
Pie VI mort prisonnier des Français, à qui on a refusé les derniers sacrements ?
Pie VII héroïque dans sa résistance à l'Ogre corse à Fontainebleau et tenu pour une personne des plus rayonnantes en son temps ?
Une idée : le Saint-Père pourrait créer un nouveau dicastère spécialement dédié à la béatification/canonisation des papes. Il pourrait y nommer bien des cardinaux ou prélats qui sont en dissonance avec ses idées. Puisqu'on parle de réforme de la Curie ...
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