Il peut être utile de se souvenir que si la définition du mariage ne change pas, le formalisme exigé pour le contracter a évolué entre saint Thomas et le CEC. A l'époque de saint Thomas, la fornication n'est pas le "refus de donner une forme juridique et publique à une liaison" mais le fait, pour deux personnes dont aucune des deux n'est mariée ou liée par des voeux ou l'état clérical, de s'unir sexuellement sans qu'il y ait pour autant de volonté réciproque d'établir entre eux une communauté de vie, d'être fidèle l'un à l'autre et de pourvoir ensemble à l'entretien et à l'éducation des enfants qui pourront naître de leur union. En effet, dans la doctrine théologique et canonique médiévale, il y a mariage à partir du moment où l'homme et la femme décident chacun de s'engager pour le présent (par opposition aux fiançailles où on s'engage pour le futur), et ce sans formalité et publicité particulière (même si la célébration publique du mariage et la bénédiction des noces par le prêtre sont le mode ordinaire de conclusion du mariage).
Ainsi, le manquement à la charité que représente la fornication réside dans l'absence d'engagement. Le fait de brûler (c'est le sens étymologique du mot "fornication") sans souci de l'avenir (ce qui était particulièrement vrai à l'époque pas si lointaine où la contraception efficace n'existait pas).
Au fond, le CEC dit la même chose : "elles détruisent l’idée même de la famille ; elles affaiblissent le sens de la fidélité", mais s'ajoute effectivement une dimension plus formaliste. On peut maintenant parler d' "union libre" pour désigner une union qui ressemble au mariage mais à laquelle manque la célébration exigée par l'Eglise qui, désormais, peut seule créer le lien conjugal. Au temps de Saint-Thomas, un homme et une femme qui s'engageaient sérieusement entre eux à la fidélité, à la communauté de vie et à l'accueil des futurs enfants, étaient, de ce simple fait, des époux. Et aujourd'hui, s'ils ne passent pas devant le maire et le curé, je dirais (peut-être que je choquerai certains liseurs) qu'ils commettent d'avantage une faute contre la discipline actuelle de l'Eglise que contre le droit naturel. Cela n'en demeure pas moi une désobéissance et (en connaissance de cause) un péché bien entendu !
Peut-être justement le propos de François revient-il à dire que le catéchisme actuel, à condamner indistinctement l' "union libre" en elle-même, a le défaut de mettre dans le même panier la fornication au sens propre, à savoir le fait de sauter à pieds joints dans une passion amoureuse au mépris des conséquences inscrites dans la loi naturelle, et le refus ou la négligence de coller aux prescriptions juridiques de l'Eglise.
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