Miséricorde et justice

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

BK -  2017-05-19 13:14:55

Miséricorde et justice

se rejoignent en ce que la miséricorde veut justifier (rendre juste) le pécheur.

Pour cela, elle est prête à pardonner, c'est-à-dire à sauver tout ce qui peut l'être - en sauvegardant, élevant, en faisant appel à tout ce qui reste de bon dans le pécheur ou l'offenseur.

Le Christ, par sa vie, nous montre une grande variétés d'attitudes miséricordieuses : du silence à l'obéissance extérieure de la Croix à l'iniquité des hommes (pour les sauver par son offrande intérieure, son amour maintenu à ses persécuteurs et bourreaux malgré tout), en passant par la proclamation de la vérité, et la dénonciation du péché.

La miséricorde est commandée (si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, à vous aussi votre Père pardonnera, mais si vous ne pardonnez pas, à vous non plus votre Père ne vous pardonnera pas).

C'est le mouvement intérieur qui est commandé, et doit aller le plus profondément possible dans le Mystère du Cœur du Christ.

Quant aux actes extérieurs, à la conscience désireuse de faire miséricorde, et donc de justifier, de trouver les moyens sous l'éclairage de la charité et la prudence, qui amèneront le pécheur à la prise de conscience de sa faute et au repentir.

Mais le cœur qui a pardonné, ne considère pas comme dû à lui-même l'aveu, la contrition, la réparation.

Il s'en remet à Dieu, car c'est devant Lui qu'est la faute, en Lui la grâce et le salut.

La miséricorde est une désappropriation d'une justice auto-centrée pour s'en remettre à la Providence qui veut toucher les cœurs endurcis.

L'aveu, la contrition (due à Dieu avant tout) et la réparation ne sont donc pas des prérequis au pardon.

La miséricorde pardonne, cherche le moyen de toucher le cœur endurci (le plus discrètement et délicatement possible, et le silence aimant est un moyen des plus efficaces, comme la Croix le montre), et ne voit plus dans le pécheur que la misère du cœur refermé sur lui-même et incapable d'aimer.

La perspective de la miséricorde est celle du bien véritable de l'autre, qui ne passe pas forcément par un prise de conscience immédiate du tort fait, par la possibilité immédiate de le reconnaître et d'en demander pardon - et d'un total détachement de soi, pour aimer l'autre comme Dieu l'aime.

En ce sens, donc, nous sommes libres des moyens de faire miséricorde.

Le seul guide est celui de Saint Augustin, reprenant l'Evangile en une formule inimitable :

Aime, et ce que tu veux, fais-le.
Aime, et ce que ton amour t'inspire, fais-le.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=827656