N'en sommes-nous pas à la troisième génération ?

Le Forum Catholique

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Scrutator Sapientiæ -  2017-08-13 09:53:12

N'en sommes-nous pas à la troisième génération ?

Bonjour et merci, Signo.

Je vous remercie pour votre réponse, qui m'aide à prendre encore plus conscience de l'ampleur de cette "rupture brutale, profonde et radicale avec tout le passé de l'Eglise", comme vous l'écrivez.

Je crois vraiment que nous en sommes à la troisième génération de théologiens partisans et promoteurs de cette rupture, puisque nous avons connu, pour le dire rapidement, successivement :

- la génération des Chenu, Congar, Rahner, Teilhard,

- la génération des Dupuis, Duquoc, Geffré, Moingt,

- la génération des Salenson, Theobald, Thomasset, etc.

A partir de là, je partage avec vous les deux questions ou réflexions suivantes :

- d'abord celle-ci : qui sont actuellement les formateurs des formateurs des futurs prêtres et des futurs évêques, dans les séminaires, notamment et surtout (inter)diocésains ? Qui sont aujourd'hui les auteurs, et quelles sont aujourd'hui les idées, qui inspirent les enseignants qui enseignent aux futurs prêtres et aux futurs évêques, en philosophie et en théologie ?

- ensuite celle-ci : il se trouve que j'ai lu, cet été, le livre de Hans Kung intitulé "Une théologie pour le troisième millénaire (pour un nouveau départ oecuménique)", et que le contenu de cet ouvrage, paru à la fin des années 1980, m'inspire la remarque suivante :

a) d'une part, ce n'est pas un nouveau départ oecuménique, mais un nouveau départ unanimiste, globalement approbateur de presque tout, sauf du patrimoine dogmatique, liturgique, spirituel, spécifique au christianisme catholique, notamment en ce qu'il a de prescripteur de ce qui est vrai, juste et bon, et en ce qu'il a de proscripteur de ce qui est faux, injuste et mauvais ;

b) d'autre part, ce nouveau départ est légitimé par une certaine forme d'axiologisme historiciste ou par un certain type de déterminisme historique : dans l'histoire du christianisme en général, et dans celles du catholicisme, de l'orthodoxie, du protestantisme, en particulier, d'après Hans Kung, des paradigmes n'ont pas cessé de succéder les uns aux autres, et il convient, dans les deux dernières décennies du XX° siècle, et en vue du troisième millénaire, de mettre en avant et en valeur un nouveau paradigme, celui de la post-modernité, puis de faire en sorte que les chrétiens, en général, les catholiques, en particulier, s'y rallient ou s'y soumettent...

Si je comprends bien ce que vous écrivez, il semble bien que ce soit cela que les théologiens et les évêques concernés ont en tête : l'élaboration puis l'organisation du ralliement, voire de la soumission, des catholiques à la post-modernité, et je trouve cette perspective absolument effrayante, et difficile à contre-carrer...

Je dirais même qu'il est probablement extrêmement difficile de faire prendre conscience, à des catholiques de bonne volonté, de la dangerosité de cette perspective, puisqu'une telle perspective sera toujours jugée moins identitaire, donc moins illégitime, qu'une perspective alternative, globalisante, et placée, elle, sous le signe de la résistance catholique, face à la post-modernité.

Bon dimanche.

Scrutator.
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