L'inversion de l'ordre des priorités dans l'enseignement de l'Eglise,

Le Forum Catholique

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le torrentiel -  2017-08-30 14:48:26

L'inversion de l'ordre des priorités dans l'enseignement de l'Eglise,

qui est en effet passé, comme l'analyse Laurent Dandrieu, de la défense du patriotisme au primat de l'accueil de l'étranger, tient à ce que le patriotisme est blessé depuis la seconde guerre mondiale. La blessure allemande a été infligée à toute l'Europe au nom de la réconciliation des nations européennes, et parce qu'il existait, parmi les nations d'Europe, la conscience de faire partie d'un ensemble homogène.


L'Europe a été enjointe de se repentir par sa propre conscience chrétienne, le sentiment de culpabilité étant décuplé dans les nations protestantes comme l'Allemagne.


Dans l'effort qui convergeait, depuis l'Occident, d'universaliser ses valeurs à travers une internationalisation plus ou moins forcée et qui, de la Déclaration universelle des droits de l'homme à la création de l'ONU, était censée résoudre les tensions entre les nations, apparut cette injonction paradoxale d'interdire le droit de conquête et de promouvoir le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.


Au patriotisme blessé de l'Allemagne, s'ajoutait l'idée anglo-saxonne qu'allait bientôt réaliser l'impérialisme américain, qui n'a jamais vu la nécessité de coloniser pour gendarmer le monde, selon laquelle rien ne sert de conquérir quand on peut influencer, voire piller les ressources naturelles des pays dont on s'ouvre les marchés.


Dès lors, les migrations ne pouvaient plus être perçues comme des invasions puisque, soit elles provenaient d'une volonté individuelle de s'établir quelque part, soit elles permettaient la baisse des salaires, soit elles réglaient un problème démographique. Le migrant lui-même se vit rarement comme un envahisseur, mais il n'a pas davantage envie de s'assimiler au pays qu'il accueille. Il a envie de l'influencer.

D'où vient la crise de la conscience européenne? N'ayant pas lu Paul Hazard, je serais bien en peine d'en parler pour l'Avant-guerre. Mais la crise européenne de l'Après-guerre combine le patriotisme blessé avec l'individualisme d'un sujet humain, auquel le marxisme a appris à ne se vivre que comme un producteur ou un consommateur. Cet machine désirante, après s'être beaucoup enrichie, semble être dévorée du désir de casser ses jouets. Ses maîtres n'inculquent plus à l'enfant européen de se choisir un métier au bénéfice de la nation. Il en fait donc le moins possible et choisit de grossir le secteur tertiaire improductif, c'est-à-dire de n'être ni médecin, ni inventeur, ni artisan, ni manœuvre. Les voyages de grande découverte ne sont plus son horizon, mais il ira s'établir en Chine ou à Londres, s'il est moins fiscalisé sans que son émigration ne passe pour une désertion de son pays. Le jeune européen sera serveur à Londres ou bien artiste ou fonctionnaire à Paris, et les jeunes filles seront toutes chanteuses, à quoi elles se préparent à grand renfort de "selfys".


Quelle est la bonne attitude envers l'immigration? Elle n'est certes pas de la favoriser comme semblent aujourd'hui le faire les dirigeants d'Europe, qui ne s'avisent que depuis peu de réfréner les mouvements migratoires sur les côtes où ils se produisent. Mais elle est aussi d'en accepter la part inéluctable (la révolution des transports facilite les voyages, et les immigrés apportent souvent une valeur ajoutée au bien commun dont nous nous ne nous sentons plus responsables) et le caractère providentiel, en raison de la baisse de la démographie des pays du Nord et dela vitalité démographique des pays du Sud. Il n'est de richesse que d'hommes.


L'Europe génocidaire (6 millions de juifs ont été assassinés au cours de la seconde Guerre mondiale, mais 8 million d'Algériens sur 10 millions ont été tués entre 1830 à 1870) a grand peur d'être grand-remplacée. Il n'est pas douteux qu'un bouleversement identitaire résultera de ce que l'immigration a d'inéluctable dans un monde en déséquilibre démographique et où les voyages sont faciles. Mais l'Europe ne doit pas faire porter ses démons au reste du monde. Elle a beaucoup génocidé. Si elle a peur des "invasions barbares", les barbares ne font que des guerres classiques. La guerre contre le terrorisme a le ridicule d'une guerre mondiale contre la guérilla. L'Europe génocidaire a tellement mauvaise conscience, diagnostique Renaud Camus, qu'Adolf Hitler fait une seconde carrière par l'acceptation qu'elle fait de son propre génocide. C'est trop dire. Pourtant les prémisses de Renaud Camus sont exactes: ce qui rend le grand remplacement possible, ce qui rend notre culture vulnérable à la légitime influence d'une population qui vient partager notre vie, c'est que nous ne sommes plus persuadés que les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, mais nous croyons que tout est substituable, homme et robot. Nous mettons tout sur le même plan, grand amour et affections sans lendemain. Nous partons à la conquête des autres et des choses, n'ayant plus de grand dessein qui cimente nos nations.
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