Il suffit, selon moi, de distinguer, comme le suggérait déjà Lycobates :
– l’erreur réellement condamnée par l’Église
– de l’intention de la personne qui tombe dans cette erreur.
Cette intention, à part vous, Dieu seul la connaît, et c’est lui qui, en définitive, vous condamne ou qui vous innocente : il se peut que vous imaginiez sincèrement défendre l’Église malgré elle, et je n’ai bien entendu aucune espèce d’autorité pour vous convaincre du contraire, ni aucune intention de le faire, croyez-le bien. Simplement, j’examine vos arguments, et je vous fais part de mes objections.
Je lisais dernièrement un ouvrage sur Nestorius qu’un historien catholique fit paraître du temps de saint Pie X. Il répondait notamment à un anglican qui soutenait que Nestorius n’avait jamais été vraiment nestorien, en ce sens qu’en dépit des apparences, il n’aurait pas vraiment dédoublé le Christ en deux personnes :
“Il serait facile de défendre l’autorité du pape et du concile dans l’hypothèse de l’orthodoxie subjective de Nestorius. L’Église enseignante en effet, lorsqu’elle porte une condamnation doctrinale, vise directement les formules, non les convictions subjectives de celui qui les a écrites, et juge de celles-ci par celles-là. Or le pape Célestin et le concile d’Éphèse, qui n’ont pas connu le Livre d’Héraclide, écrit vingt-ans après le concile, ont basé leurs sentences sur des lettres et des homélies de Nestorius dont nous possédons des extraits. Ces extraits pris dans leur ensemble et non à l’état isolé éveillent naturellement, sensu obvio — et à cela nous ne croyons pas qu’on puisse sérieusement contredire — l’idée hétérodoxe de deux sujets, de deux personnes dans le Christ. Voilà qui suffit pour que l’Église enseignante ait eu le droit, et même le devoir, de proscrire ces formules et de condamner comme hérétique quiconque refuserait obstinément de les repousser. (...) Quiconque, d’ailleurs, refuse d’obéir à l’Église, quand la doctrine est en jeu, peut être légitimement soupçonné de nier l’infaillibilité de l’Église et mérite d’être condamné comme hérétique, s’il s’obstine.” (Martin Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, 1912, p. 9, note 1.)
V.
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