Bonjour et merci, jejomau.
Voici ce que je crois avoir compris, ou ce que je crois devoir et pouvoir dire.
Dans l'ecclésiologie de communion, telle qu'on l'entend communément, un peu depuis l'avant-Concile, et surtout depuis l'après-Concile, il y a objectivement une tendance à la maximisation du dialogue et de la rencontre, et à la minimisation de l'importance de la confession de la foi, de la confession des péchés, de la conversion des non chrétiens, croyants ou non, de la formation doctrinale des catholiques, des vocations religieuses, ou des vocations sacerdotales.
Dans l'ecclésiologie "de Coubertin", là aussi, telle qu'on l'entend communément, un peu depuis l'avant-Concile, et surtout depuis l'après-Concile, "l'important, c'est de participer" notamment aux évolutions et aux orientations inhérentes à la culture, à l'histoire, à la société, à telle conception dominante de l'homme et du monde, de la manière la moins contra-positionnelle possible, notamment sur le plan religieux.
Et dans cette ecclésiologie "de Coubertin" il y a objectivement une tendance à la minimisation de l'importance de la connaissance de la Parole de Dieu, de la compréhension du message de Dieu, de la contemplation des Mystères de Dieu, ou de l'adoration des personnes divines.
Chacune de ces deux ecclésiologies, ou, si vous préférez, chacune de ces deux composantes de l'ecclésiologie qui sévit et que l'on subit depuis bientôt un peu plus de trois générations consécutives de catholiques, pousse au dyslogisme, à l'imprécision, à l'indistinction, à l'incomplétude, à l'incohérence, à l'inconséquence, et pousse à des dyslogismes, c'est-à-dire
- à des approximations dans le discours catholique,
- à la "bonification" du discours, car ce qui importe c'est que le discours chrétien ne soit pas éloigné ni opposé à celui que l'on entend depuis l'intérieur du "camp du Bien",
- à des contre-vérités dans le discours catholique,
- à la "débonnaireté" du discours, car ce qui importe c'est que le style et les thèmes ne soient pas avant tout éclairants et exigeants, mais soient avant tout attirants ou attrayants,
- à des extrapolations dans le discours catholique,
ou
- à la falsification d'éléments essentiels du discours chrétien, ces éléments essentiels étant rendus faux par amputation ou par annulation, par déformation ou par dépassement, par édulcoration ou par élimination.
Ce qui suit devrait vous permettre de comprendre ce qu'est un positionnement ou un raisonnement dyslogique, et je pense ici avant tout au dyslogisme, tangible et total, de Mgr Marty, et non avant tout à celui, possible mais partiel, de Jean-Miguel Garrigues :
Ici.
" Les PP. de Lubac et Bouyer, recrutés par le père Daniélou pour faire une démarche auprès du cardinal François Marty, déplorent auprès de celui-ci que « l’interprétation abusive du concile [fasse] table rase par rapport à la tradition antérieure » — ce qui exonérait en réalité à bon compte les causes intrinsèques dues à la rédaction des textes eux-mêmes. Ils entendent le cardinal de Paris leur répondre : « «Après le concile, nous avons pensé que l’avenir était au progressisme. Vous nous dites maintenant que le progressisme ne marche pas. Eh bien nous reviendrons à l’intégrisme». Le père de Lubac faillit s’étrangler de colère et se récria, scandalisé : «Monseigneur, il ne s’agit ni de progressisme, ni d’intégrisme mais de la vérité.» — «La vérité, voilà bien un grand mot, un mot de théologien, mon père !» » "
Pour certains partisans et promoteurs du christianisme dyslogique, ce n'est pas le Verbe de Dieu qui s'est fait chair en un homme, c'est la chair de "l'Homme" qui se fait "Verbe" dans "le Monde".
Bonne journée.
Scrutator.